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Daniel Domscheit-Berg aurait détruit 3500 documents soumis à Wikileaks

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Twitter est en flammes. La colère gronde. Samedi, aux alentours de 20 heures, Holger Stark, journaliste au Spiegel balance un tweet : “The old cache of unreleased #wikileaks docs seems 2 be gone 4ever. #DDB said 2 me that he has destroyed it. See new #SPIEGEL #openleaks #ccc” (français : les vieux documents non publiés de Wikileaks semblent être partis pour toujours. Daniel Domscheit-Berg m’a affirmé qu’il les avait détruits. A lire dans le nouveau #SPIEGEL #openleaks #CCC).

Aujourd’hui, le Spiegel publie un article, sur son site, à ce sujet. Selon cet article, Domscheit-Berg, l’ancien porte-parole de Wikileaks et fondateur de la plateforme de fuites Openleaks, aurait affirmé avoir détruit plus de 3500 documents fuités à Wikileaks par des sources anonymes et non publiés. Il s’en serait emparé, en compagnie d’un certain nombre d’autres volontaires, au moment où il a quitté Wikileaks, après sa suspension, prononcée au cours d’un chat avec Julian Assange, le 25 août 2010. Selon le Spiegel, Domscheit-Berg aurait détruit ces documents “au cours des derniers jours, pour éviter que des sources ne soient mises en danger”. Selon Domscheit-Berg, Julian Assange n’aurait pas été en mesure de garantir une gestion sûre du matériel. La destruction des fichiers serait irrévocable.

Aujourd’hui, Wikileaks a donné un aperçu, sur son compte Twitter, des différents documents qui auraient pu être détruits. Selon l’organisation, on trouverait parmi ceux-ci, la “No-Fly-List” du gouvernement américain, reprenant les personnes interdites dans les avions, 60 000 e-mails du NPD, le Parti National-Démocrate d’Allemagne (extrême droite à tendance néo-nazie), 5 gigas de données sur la Bank of America ou encore des communications internes d’une vingtaine d’organisations néo-nazies. Il est intéressant de noter qu’au mois de février, 60 000 e-mails du NPD avait été livrés à plusieurs médias allemands, dont le Spiegel. Après avoir parlé avec Julian Assange, Holger Stark a déclaré, le 19 août, toujours sur Twitter, que les seules clés permettant de décrypter les documents non-publiés étaient dans les mains de Daniel Domscheit-Berg et d’un de ses partenaires (sans doute le mystérieux “Architecte”, ancien de Wikileaks qui aurait quitté l’organisation en même temps que Domscheit-Berg).

Depuis, la twittosphere (avec le hashtag #DDB) fulmine contre le créateur d’OpenLeaks, suggérant de renommer son projet DeletedLeaks (Fuites supprimées). Selon Heise Online, les fichiers devaient être détruits devant un notaire. Domscheit-Berg a déclaré au site d’information en ligne qu’il était

“désolé pour les personnes ayant fuité les documents à Wikileaks, mais qu’elles allaient devoir soumettre à nouveau leur matériel quelque part où ils font confiance au système. Une autre solution serait trop risquée pour les sources. Mais il doit désormais y avoir de nombreux projets offrant aux lanceurs d’alerte une plateforme de fuite sûre. OpenLeaks en fera partie. La sécurité de la source a toujours la priorité, ensuite vient le projet et, à la fin, les Egos, qui, de toute évidence, existent.”

Gros problème dans l’argumentaire de Domscheit-Berg : comment peut-il être sûr que le ou les fuiteurs disposent encore des documents ?

Dès samedi soir, Wikileaks publiait une déclaration en réponse à la destruction supposée de documents par Daniel Domscheit-Berg. Selon M. Assange, Wikileaks “ne collecte ni ne retient des informations permettant l’identification des sources, ainsi, heureusement, les identités des sources pour ces matériels ne courent pas de risques significatifs.”

Julian Assange déclare également “avoir reçu un avertissement de la part d’un officier de renseignement occidental que DDB aurait été en contact avec le FBI, à plusieurs reprises, et que l’information issue de ce contact était “utile”. Je ne sais pas si DDB était complice du contact signalé.”Assange écrit également que “M. Domscheit-Berg aurait tenté de manière répétée de faire chanter Wikileaks en rendant des communications internes disponibles à des forces opposées à Wikileaks.” Enfin, Assange affirme qu’il aurait reçu des renseignements selon lesquels Anke Domscheit-Berg, la femme de Daniel Domscheit-Berg aurait été en contact avec la CIA au moment où elle travaillait pour la boîte de consultance McKinsey & Company. Sur Twitter, cette dernière a rejeté cette accusation : “Je n’ai jamais coopéré et ne coopérerai jamais avec AUCUN service secret du monde entier. Ni mon mari. Ces accusations sont des mensonges patents de la part de J.A [Julian Assange].”

Il y a quelques jours, à la fin du Chaos Communication Camp, Daniel Domscheit-Berg avait été exclu du Chaos Computer Club (CCC), le mythique mouvement de hackers allemands, sur fond de bisbrouille entre lui et Julian Assange. Pourquoi cette expulsion ? Tout d’abord parce que lors de la présentation, le premier jour, d’OpenLeaks, dans un des bunkers du camp de Finowfurt, Domscheit-Berg avaient mis les hackers au défi de pirater OpenLeaks, pour tester la plateforme. Une initiative mal prise par le Chaos Computer Club, dont l’un des portes-paroles, Andy Müller-Maguhn avait estimé, dans le Spiegel (magazine pour lequel il est également consultant en sécurité informatique) que Domscheit-Berg cherchait à faire approuver son projet par le Chaos Computer Club, et en retirer de la crédibilité. “Le CCC n’est pas le TÜV [note : un organisme de certification allemand]. Nous ne permettrons pas d’être co-opté de cette manière. Cette démarché était éhontée,” estime Müller-Maguhn, ajoutant que le projet Openleaks n’était, pour l’instant, “qu’un nuage avec des promesses de sécurité.”

Cependant, selon Domscheit-Berg lui-même, cette expulsion s’explique aussi (surtout ?) par son refus de participer à une médiation avec Assange, à laquelle Müller-Maguhn travaillait depuis “11 mois”, pour remettre à Wikileaks les documents non-publiés. Quant à cette affaire des documents, les versions de Domscheit-Berg données au médias diffèrent. Il a ainsi déclaré au magazine allemand Der Freitag qu’il n’avait pas pris les documents de Wikileaks à son départ. Mais, selon Müller-Maguhn, Domscheit-Berg lui aurait déclaré “devoir regarder tous les documents avant de les rendre. Cela ne colle pas.” Suite à cela, Müller-Maguhn aurait décidé d’arrêter sa médiation.

Pour l’instant, les informations disponibles n’ont pas encore été complètement confirmées. On attend ainsi une réaction officielle de Daniel Domscheit-Berg. Est-ce que les documents ont bel et bien été détruits ? Est-ce que ce sont les clés de décryptage ou les documents eux-mêmes qui ont été supprimés ? Pourquoi Daniel Domscheit-Berg ne les a-t-il pas cédés, par exemple, à des médias fiables, Openleaks fonctionnant sur l’idée d’une transmission directe du contenu aux partenaires, sans interférence éditoriale de la plateforme ? Selon Holger Stark, citant Domscheit-Berg, une chose est sûre : il n’existe pas de copie des documents. Si leur destruction est confirmée à 100%, pas moyen, à moins qu’ils ne soient renvoyés, de savoir ce qu’ils contenaient précisément.

Q.N. (à suivre sur @GKPolitics)

Illustration : JB_Graphics


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